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Projet annuel inclusif pour la réussite de tous les élèves : une aide qui libère la pensée.

Projet annuel inclusif pour la réussite de tous les élèves :
une aide qui libère la pensée.

L’échec de certains élèves les plus en difficulté est la conséquence d’un fonctionnement intellectuel singulier aménagé sur l’évitement de la frustration et de l’inquiétude que provoquent les contraintes de la situation d’apprentissage, peur de ce temps de suspension pendant lequel les élèves se retrouvent face à eux-mêmes et tentent de développer des stratégies pour répondre aux situations-problèmes proposées. Ils sont confrontés alors à la frustration, à l’échec et aux peurs et angoisses qui en découlent.

Les élèves dont il est question ici, pour des raisons diverses (éducation, environnement …), ne sont pas en mesure de faire face à ce temps de suspension. Ils vont alors mettre en place des stratégies d’évitement pour ne pas se trouver face à ces angoisses.

Comme ils ne peuvent s’appuyer sur leur pensée, ils s’appuient sur des modes de fonctionnement ou des curiosités primaires (la bagarre, le harcèlement, la violence, le voyeurisme, la pornographie, les insultes …) et sur un langage qui n’a pas franchi le langage argumentaire.

Leurs comportements sont les suivants :

    • ils bougent beaucoup ou au contraire, s’assoupissent,
    • ils développent des troubles psycho-somatiques (maux de ventre, de tête)
    • ils se marginalisent en contestant les demandes des adultes (« c’est nul », « ça ne sert à rien », « on l’a déjà fait, je sais déjà faire ça, c’est un truc de bébé » …)
    • ils s’enferment dans l’atonie,
    • ils font preuve de violence physique ou verbale, etc.

Leur donner du travail supplémentaire en espérant leur faire améliorer leurs résultats ne fonctionne que dans de très rares cas. Il faut passer du soutien à l’aide. Il faut leur apporter une autre réponse en relançant la machine à penser,

Comment ? En l’alimentant, en l’entraînant à fonctionner, en leur donnant la possibilité de s’en servir, en donnant du sens aux savoirs.

Selon Serge Boimare, cela passe par trois phases :

    • apporter un nourrissage culturel,
    • proposer un entraînement à parler, à débattre,
    • relier les savoirs à des préoccupations humaines fondamentales.

Le nourrissage culturel :

Il s’agit de lire à haute voix des textes fondamentaux de manière à ce que le groupe construise un patrimoine commun, identitaire. Les textes doivent les intéresser donc être en lien avec la curiosité primaire. Ils doivent permettre d’approcher ce qui les inquiète mais donner des fils pour s’en éloigner. Les faits divers, l’actualité ne permettent pas la distance nécessaire.

On utilise donc des textes issus du patrimoine culturel : Jules Verne, Jack London, la poésie, la mythologie, les contes. Ces textes parlent : des origines, des désirs et de la loi, de l’organisation du groupe social, des grandes épreuves de la vie et des sentiments éprouvés à ces moments-là.

L’entraînement à la parole, au débat :

C’est lors de cette phase que la pensée s’organise, se structure. Six mois à un an sont nécessaires pour construire le débat argumentaire.

Cette phase sert à remettre en forme ce qu’ils ont entendu, à échanger les points de vue autour d’une question propice au débat. Cette réappropriation de la lecture évite la marginalisation et lutte contre les résistances de certains.


L’organisation

Deux classes de 6ème (segpa + générale) sont regroupées et divisées en trois groupes.

Trois professeurs les prennent en charge un matin par semaine pour procéder à une heure de lecture-débat-écriture autour d’un texte du patrimoine culturel. Chaque séance se déroule de la manière suivante :

  • Temps de lecture : 20 minutes

Lecture offerte par le professeur.

      • Textes choisis :
      • Le feuilleton d’Hermès (mythologie grecque)
      • Le feuilleton de Thésée (mythologie grecque)
      • Contes comme Barbe-Bleue, Hansel et Gretel, Le petit poucet, Pinocchio…
      • Contes africains, …
      • Mythologie celte, scandinave, etc.
  • Temps de débat : 20 minutes

Dans un premier temps, il s’agit d’une réappropriation du texte avec explication des mots difficiles. Puis, le débat peut commencer autour d’une question soumise par le professeur ou qui émerge de la discussion entre les élèves. On veille également à mettre en place des règles pour l’organisation du débat.

  • Temps d’écriture : 20 minutes

Il est proposé à l’élève de rédiger la réponse à une question en rapport avec le débat.

OBJECTIFS :

      • Amener les élèves, par la constitution et la connaissance d’un patrimoine culturel commun et par un débat autour d’un texte fondateur, à (ré)apprendre à structurer leur pensée et à échanger et communiquer avec les autres.
      • Aider les élèves à dépasser leurs craintes et leurs angoisses face aux apprentissages.
      • Trouver du sens dans ce qu’ils apprennent en reliant les textes entendus aux savoirs.
      • Permettre une véritable intégration des élèves de SEGPA dans un projet commun.
      • Créer du lien entre les élèves de 6ème SEGPA et de 6ème générale.
      • Créer un lien entre les professeurs autour d’un projet visant à favoriser la réussite de nos élèves et passant par la culture.

Nous sommes convaincus que l’efficacité de l’aide apportée aux élèves passe par une ambition intellectuelle et culturelle élevée.

réalisé par l’équipe de SEGPA
Collège Jean Moulin
de Montceau-les-mines